10 expressions provençales pour mettre du soleil dans sa vie

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Les expressions provençales, un vocabulaire ensoleillé

 

La Provence ce n’est pas que des paysages et des traditions, c’est aussi des langages. Plus globalement on parle d’occitan, la langue du pays d’oc. Mais au sein de l’occitan, il existe différents dialectes, comme le languedocien, le gascon ou encore le provençal. Chaque région possède sa propre langue. Au sein de certaines villes comme Marseille notamment, on trouve un vocabulaire riche, largement utilisé par les personnes qui y habitent, jeunes comme anciens. Riche de mélanges culturels et linguistiques, les expressions provençales sont de véritables symboles du patrimoine culturel. Dans cet article, découvrez quelques mots de vocabulaire et expressions typiques du pourtour méditerranéen.

Photo de la ville de Marseille, on les expressions provençales sont utilisées

Fada 

“Il est complètement fada celui-là !”

Ce mot de vocabulaire est désormais bien connu au-delà des frontières de la Provence. Peut-être l’avez-vous déjà entendu voir même prononcé. Il est employé pour désigner quelqu’un ou quelque chose de déraisonnable, de fou. Au féminin, on utilise le mot fadade. Fada c’est aussi un synonyme de fanatique. On peut dire d’une personne qu’elle est “fada de l’Olympique de Marseille” par exemple.

Concernant son origine, le mot fada vient du latin fata qui signifie fée. En occitan, cela a donné le verbe fada qui veut dire ensorceler, et l’adjectif enfadat, pour merveilleux ou féérique. Quelqu’un de fada, c’est donc une personne qui est enchantée par les fées. C’est donc bien plus poétique que ce que l’on pourrait penser !

 

Péguer 

“Ça pégue !”

Péguer est un verbe issu de l’occitan pegar qui signifie coller. Quelque chose qui pégue, c’est donc quelque chose de collant, de poisseux. On emploiera cependant plutôt ce mot pour désigner ce qui est légèrement collant et non pas bien adhérent. Il peut être utilisé pour parler d’un sol ou d’une table non nettoyée

Par extension, pégue donne le verbe empéguer qui veut dire coller au sens propre comme au sens figuré mais aussi :

  • enivrer, “tout ce pastis les a empégué” ;
  • heurter, “la voiture a empégué le trottoir”.

 

Pot de confiture de Melon de Cavaillon

La confiture, ça pégue aux doigts !

 

Pitchoun

“Oh comme il est sage le pitchoun !”

Le mot provençal pitchoun vient de l’occitan pichon ou pichòt qui signifie petit. On l’emploie pour désigner de manière affectueuse les petits enfants. Dans le midi vous entendrez aussi le terme “minot” !

À l’origine, pitchoun n’était utilisé que pour parler des petites filles. Aujourd’hui, on écrit pitchoun pour un garçon et pitchoune pour une fille. 

 

Peuchère

“Elle a pas de chance, peuchère !”

C’est une des expressions provençales les plus utilisées, notamment à Marseille. Son origine est soit latine, de peccatore, ou occitane, du mot pecaïre, qui veut dire pécheur (qui commet des péchés).

Ce mot signifie la pauvre ou le pauvre, mais peut-être employé de différentes manières.  Il peut désigner la compassion, mais il peut avoir un sens plus ironique et moqueur.

 

Dégun

“Y’a dégun à la plage aujourd’hui !”

Ce mot est emprunté au latin nec unus, que l’on retrouve dans ninguno en espagnol, ningú en catalan et degun en occitan, qui signifient tous “aucun, personne”. Dégun est très fréquemment utilisé dans le Midi, notamment à Marseille. Son contraire est cafi, qui veut dire rempli, que l’on peut employer pour dire par exemple “c’est cafi de cigales ici”.

 

Rue d'une ville en Provence vide

“Quand y fait trop chaud, y’a dégun dans les rues.”

 

Avoir les yeux bordés d’anchois

Cette expression est à entendre dans le sens “avoir les yeux rougis par les pleurs, la fatigue ou la maladie”. En Provence, l’anchois est un petit poisson que l’on trouve facilement et qui se conserve très bien. Ayant peu de valeur, c’est en quelque sorte le symbole de la misère. Dans l’expression, avoir les yeux bordés d’anchois c’est donc avoir les yeux entourés de misère. De plus, lorsqu’il est en saumure, l’anchois à tendance à rougir, on peut donc facilement l’associer au pourtour de l’œil bouffi et rouge de fatigue.

 

“Té vé, regarde qui voilà !”

Vé est la troisième personne de l’impératif du verbe vèire qui signifie voir. Vé, ça veut dire “regarde”. Il est utilisé pour interpeller et indiquer la surprise. On l’associe généralement à “té” qui veut dire “tiens”, emblématique du parler provençal.

 

À l’an que vèn

Cette expression provençale signifie littéralement “à l’an que vient”. Elle est particulièrement employée au mois de décembre pour prendre congé de quelqu’un. Quand on vous dit “à l’an que vèn”, il est coutume de répondre “e se sian pas mai, que siguen pas mens”, qui se traduit pas “et si nous ne sommes pas plus, ne soyons pas moins”. Les fêtes de fin d’année et tout particulièrement Noël sont fortement ancrées dans la culture provençale (comme avec la tradition des 13 desserts). C’est une période de vitalité et de renouveau. On souhaite donc à ceux que l’on croise d’avoir des naissances dans leurs familles, ou au moins de ne déplorer aucun décès.

 

Avoir/faire des yeux de gobi 

C’est ce que l’on peut dire à quelqu’un qui ouvre grand les yeux d’étonnement, ou qui a un air idiot. Le gobi est un poisson très présent dans la mer Méditerranée, jusque dans les ports. De petite taille, il est caractérisé par ses gros yeux globuleux. 

L’utilisation de noms d’animaux marins est fréquente dans les expressions provençales. Cela s’explique principalement par sa proximité avec la mer. Une personne qui a une grande bouche sera donc qualifiée de baudroie, et quelqu’un de très laid de rascasse.

 

Lou soulèu mi fa canta… 

Le soleil me fait chanter… Cette phrase peut résumer à elle seule l’art de vivre provençal ! Tirée d’un poème de Frédéric Mistral, c’est d’ailleurs la phrase inscrite par le céramiste aubagnais Louis Sicard sur sa toute première cigale en céramique. En effet, dès que le soleil est présent, la cigale se met à chanter, et elle est l’un des symboles emblématiques de la Provence. Qualifiée de porte-bonheur, il est coutume d’en accrocher une en céramique près de sa porte d’entrée pour faire entrer la prospérité dans sa maison.

 

Rayons de soleil dans le maquis provençal

 

Certains de ces mots font pleinement partie du langage courant en Provence. Fiers de leur région et de leurs origines, les Provençaux restent fidèles à leur langue, qui est enseignée dans plusieurs universités et collectivités locales ! Les expressions les plus connues ailleurs en France proviennent du parler marseillais, popularisé notamment à travers les textes d’artistes musicaux locaux. Si vous avez envie de tester votre vocabulaire marseillais, vous pouvez jouer au Motchus, le motus local. Tous les jours, un nouveau mot à trouver en seulement six essais !

 

Les expressions provençales présentées dans cet article ne sont qu’un avant-goût, il vous reste encore beaucoup de vocabulaire à découvrir : cacou, emboucaner, mèfi, estanquer, arapède… À prononcer avé l’accent bien sûr !

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